Réussir sa communication, c’est embarquer tous les publics que nous visons. Pour y parvenir, il existe des outils et des techniques à visée inclusive. Mais doit-on seulement s’intéresser à la manière dont nous formulons nos messages… ou se pencher sur la manière dont ils sont reçus ?
Notre article en moins d’une minute
Pour rendre la communication plus inclusive, les bonnes pratiques s’empilent : règles d’accessibilité, FALC, écriture inclusive, etc. Chacune pointe les déficiences de ces publics ou de nos règles d’écriture. Et si, plutôt que de pointer les manques, nous changions de regard et nous nous concentrions sur les capacités de nos publics-cibles ? Concrètement, si nous partions de leurs compétences, plutôt que d’essayer s’adapter à leurs lacunes ? L’avantage de ce choix est d’aborder à nouveau la communication sous un angle positif. Pour y arriver, il est possible de s’appuyer sur le concept de littératie. Il permet d’envisager la population dans son ensemble et non par catégories différenciantes.
Au commencement, l’accessibilité pour les personnes handicapées
Se rendre accessible, c’est se mettre à la portée de personnes présentant un handicap, physique ou moteur, temporaire ou permanent. En France, on considère que cela concerne environ 12 millions de personnes.
Si l’exemple archétypal du public visé est la personne en fauteuil roulant, d’autres profils sont concernés :
- personnes handicapées mentales ;
- dont le handicap est invisible ;
- personnes âgées ;
- femmes en fin de grossesse ;
- personnes accidentées ;
- etc.
On peut aussi inclure, pour ce qui concerne l’accessibilité des bâtiments, les personnes avec une poussette, voire des valises !
En France, pour répondre aux besoins spécifiques de ces publics, une première loi, votée en 2005, impose un certain nombre de normes, y compris pour les sites internet publics. Ces normes relèvent à la fois du domaine technique, du design et des bonnes pratiques rédactionnelles. Vous pouvez d’ailleurs retrouver notre article sur les bonnes pratiques pour rendre le web accessible ici.
Mais d’autres acteurs que l’État jouent un rôle dans la promotion de ces bonnes pratiques : Accessiweb en France, le W3C à l’échelle mondiale. Vous pouvez d’ailleurs retrouver notre article sur les acteurs de l’accessibilité ici.
Le FALC, l’écriture simplifiée pour les personnes déficientes intellectuelles
En 2009, le FALC est créée : c’est l’écriture « facile à lire et à comprendre ». L’objectif est de proposer des règles d’écriture qui facilitent la compréhension des contenus écrits.
Pour vous faire une idée des techniques que mobilise le FALC, retrouvez notre article sur l’attestation de sortie mise en circulation au printemps 2020, revue en FALC.
Cet ensemble d’outils rédactionnels inclusifs naît d’un projet européen, « Pathways« . En France, l’Unapei et Nous aussi portent le projet.
L’écriture inclusive, pour rendre visibles les femmes
En 2017, c’est l’écriture inclusive qui fait couler les pixels. L’objectif de ces règles d’écriture, encore en construction, est de rendre les femmes visibles dans la langue écrite.
Pour en avoir un premier aperçu, retrouvez notre article sur l’écriture inclusive, qui donne des exemples de bonnes pratiques.
Ces règles ont évolué. Notamment pour… inclure les personnes handicapées, dyslexiques par exemple, pour qui certaines règles de l’écriture inclusive constituaient un obstacle à la lecture.
Revivez les débats avec notre article sur l’écriture (vraiment) inclusive.
La littératie, pour enfin se mettre à la place de nos publics
Et si, plutôt que d’empiler des règles pour différentes catégories de population, nous déplacions notre regard… et nos pratiques ?
C’est le parti pris par Cécile Allaire, interviewée début septembre 2021 par Cap’Com. Chargée de l’accessibilité chez Santé publique France (SPF), elle propose d’adopter le concept de littératie.
En effet, nous savons maintenant que les techniques rédactionnelles destinées à aider les personnes handicapées aident aussi d’autres profils. Plutôt que de s’intéresser aux déficiences des publics, pourquoi ne pas plutôt envisager les compétences dont ils sont dotés, à la fois pour déchiffrer, mais aussi analyser, questionner, évaluer une information donnée ?
Ce concept est d’autant plus important qu’une institution, une entreprise ou une association vise souvent à amener son lecteur à effectuer une action précise (remplir un déclaration d’impôts, acheter un produit, faire un don, etc.). Or, ce n’est pas parce qu’un internaute sait naviguer sur Instagram qu’il maîtrise Word. Ce n’est pas non plus parce qu’on sait utiliser sa messagerie qu’il sait faire face à des formulaires complexes en ligne.
La fracture numérique commence dès 36 ans
Une étude de l’OCDE montre qu’en France, plus d’un adulte sur deux (53 %), n’a pas le niveau de compétences nécessaire dans le traitement de l’information pour être autonome au quotidien, au travail comme dans sa vie personnelle. Et ce niveau de compétences commence à décroître… dès 36 ans.
Alors, quelles solutions ?
D’abord, gardez en tête que vos publics cibles n’ont pas forcément envie de nous consacrer du temps. Leur simplifier la vie, c’est déjà essayer de se mettre à leur portée, en choisissant le bon niveau de langage et en rédigeant simplement.
Par exemple, en :
- choisissant la voie active ;
- expliquant tous les termes techniques ;
- limitant le recours aux synonymes.
Pour choisir le bon mot, faites simple : la plupart du temps, « médecin » convient tout aussi bien, même mieux, que « professionnel de santé » !
Ensuite, prévoyez plusieurs chemins d’accès à l’information. Certains aiment le téléphone, d’autres préfèrent l’écrit, en ligne ou sur papier. D’autres encore ont besoin d’avoir un interlocuteur en chair et en os.
Aussi, mobilisez l’image intelligemment. L’image doit venir en soutien de votre message. L’image et le texte doivent transmettre le même message.
Bref, plutôt que d’appliquer à la lettre des recettes toutes faites, si vous souhaitez rendre votre communication plus inclusive, optez pour un principe directeur : faites simple !
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