Générations X, Y, Z, … : réalités sociologiques ou effets de mode ?

Avez-vous réussi à échapper aux innombrables articles sur les générations X, Y, Z, les digital natives, les millenials, etc. ? Nous, non. Du coup, on a eu envie de départager le vrai du faux, l’info de l’effet de mode, la croyance de l’argument. En route !

Une génération hyper-connectée ?

Les générations X, Y, Z, etc. sont supposées être ultra-connectées, beaucoup plus que leurs aînés, et sont représentées comme hyper-compétentes sur et avec le numérique.

S’il est vrai qu’en moyenne, le temps et la fréquence de connexion des plus jeunes dépasse celle des générations précédentes (95% des 18-24 ans se connectent à Internet tous les jours, contre 74% de l’ensemble de la population), cela masque des différences sociales et géographiques de taille.

Pensons, par exemple, aux habitants des zones peu denses, dans lesquelles 1 habitant sur 4 éprouve des difficultés à passer un appel ou envoyer des SMS et estime bénéficier d’une connexion mobile peu satisfaisante. Quant aux usages, prenons l’exemple des messageries instantanées : si 60 % des 12-17 ans en utilisent (contre environ ⅓ de l’ensemble de la population), cela laisse tout de même 40 % de cette génération qui n’y touche pas : abstenons-nous donc des généralisations (trop) hâtives !

Des compétences numériques plus développées ?

“Une « génération Internet » avec des compétences élevées en informatique n’existe pas », dit le Docteur Jones, chercheur à la Open University.

Christian Béguin, professeur et directeur du département de didactique de l’Université de Montréal, notait, lui, en 2014, que seule une minorité d’étudiants utilise des technologies comme les blogs (21,5%) ou les wikis (12,1%), qui permettent pourtant de travailler collaborativement, compétence que l’on prête volontiers aux générations nées avec Internet. Il ajoutait que “les étudiants qui démontrent des habiletés plus grandes pour l’usage des technos sont ceux qui considèrent que ces habiletés sont les moins aidantes pour apprendre”, ce qui peut signifier que les plus doués avec ces outils ne sont pas forcément convaincus de leur intérêt pour un usage scolaire.

Quoi qu’il en soit, cet enseignant s’appuie sur les travaux d’autres universitaires qui démontrent également que :

  • 63 % des étudiants considèrent que les technologies ne leur ont pas appris à mieux apprendre (Kolikant, 2009) ;
  • les étudiants n’utilisent pas de réseaux sociaux pour des besoins scolaires (Margaryan et al., 2011) ;
  • sur 2096 étudiants universitaires interrogés, 86 % étaient principalement des usagers d’iPhones et du web et peu ou pas du tout usagers des autres technologies ou du “web 2.0” (Kenedy et al., 2010).

Des attentes professionnelles différentes ?

Carrière, satisfaction au travail, engagement professionnel, attentes vis-à-vis du management : il n’existe aucun écart significatif entre les attentes des “millenials” et  de leurs prédécesseurs. Même IBM le dit. L’entreprise a en effet mené sa propre étude, qui ne fait que corroborer de précédents échecs à démontrer l’existence de la génération Y, avec ses spécificités propres. C’est une réalité beaucoup moins romantique qui apparaît puisqu’en réalité, comme leurs aînés, les “digital natives” sont à la recherche de sécurité financière et de stabilité de l’emploi.

Une autre recherche, réalisée en Belgique, montre que les attentes habituellement collées sur la génération Y sont en réalité transgénérationnelles. De même pour l’attachement aux formes de travail collectives.

Sortir des stéréotypes… et mieux communiquer !

Attention avec les données chiffrées, souvent mal interprétées : elles sont produites et s’inscrivent dans un contexte dans lequel il faut les remettre en perspective pour les comprendre ! Niveau de formation, accès aux technologies, mobilité : d’importantes disparités existent, à la fois en fonction des milieux sociaux et des zones géographiques.

Souvent, les générations Y, Z, etc. telles qu’on les perçoit sont une représentation des classes moyennes ou supérieures urbaines, qui n’incarnent pas l’ensemble de leur tranche d’âge. N’oubliez pas : “l’effet de la socialisation est beaucoup plus puissant que l’effet générationnel”.

C’est important à comprendre pour les communicants : si vous ciblez votre stratégie de communication sur ces stéréotypes générationnels, vous avez de fortes chances de passer à côté !


Si vous avez besoin de conseils pour mettre en place un ciblage adapté à vos objectifs, n’hésitez pas à venir en discuter avec nous : on vous répond très vite ici. 🙂

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