Saviez-vous que Benjamin écrit des films ? Pas le Benjamin du bureau de Ganesh, mais une intelligence artificielle (IA), qui n’en est plus à son coup d’essai. D’autres IA s’essaient à la publicité, au journalisme, d’autres encore aident à modérer les commentaires des internautes, avec plus ou moins de succès. Alors, demain, tous au chômage technique ?
L’intelligence artificielle à l’assaut des métiers créatifs ?
Les intelligences artificielles qui jouent le rôle d’assistants personnels, vous en avez sûrement déjà entendu parler : Siri (intégrée sur les téléphones d’Apple), Cortana (sur les téléphones de Microsoft), … On vous en parlait dans un précédent article. Les outils d’analyse prédictive, les profils les plus “tech” d’entre vous en ont déjà entendu parler aussi. Ils permettent, par exemple, de prédire les comportements de consommateurs, parfois en temps réel.
Mais les IA s’immiscent aussi de plus dans des activités dites “créatives”, qu’on aurait pu penser chasse gardée de l’humain :
- elles inventent des scénarios (comme Benjamin) ;
- elles imaginent des recettes de cuisine ;
- elles écrivent des fictions (comme Scheherazade) ;
- elles conçoivent des spots de pub (comme la création de Shun Matsuzaka) ;
- elles jouent aux journalistes (comme Watson, l’IA d’IBM)…
Malgré cette diversité de talents, il faut bien constater que les machines donnent des résultats assez inégaux. Benjamin, la machine à scénarios, positionne un de ses personnages comme “dans les étoiles et assis sur le sol”, ce qui a du laisser l’équipe de tournage plutôt perplexe. Quant au spot publicitaire, si les professionnels du secteur ont plébiscité la création de la machine, le public, lui, a préféré son concurrent produit par un humain. Côté recettes, oseriez-vous la bière au lait parce qu’une machine vous assure que ce doit être bon ?
Malgré ces quelques mauvaises surprises, les intelligences artificielles sont aujourd’hui capables de beaucoup de prouesses. Comment elles y parviennent ? Et bien, en apprenant !
Comment les IA apprennent-elles à créer ?
Les IA apprennent en ingérant des masses de données, grâce à la puissance de calcul des machines. Elles essaient de reproduire des compétences cognitives humaines : perception de l’environnement, raisonnement, mobilisation de concepts, prise de décision…
De la donnée à la créativité ?
En s’appuyant sur les quantités énormes d’informations qu’elles ingèrent, les IA sont capables d’en tirer des récurrences, des moyennes, etc., de fabriquer des récits et d’interagir avec des humains. Pour autant, si les machines sont capables de simuler des émotions, elles ne les éprouvent pas vraiment. C’est là, pour beaucoup, le principal frein à leurs capacités de création.
Par ailleurs, les machines ne comprennent pas réellement ce qu’on leur demande. Prenons l’exemple des agents conversationnels, ou chatbots. La machine repère des mots-clés dans la question qu’on lui pose, et va chercher la réponse qu’elle estime attendue dans une base de données. Si elle ne la trouve pas, la machine s’en tire avec une pirouette, mais n’est pas (encore) capable de créer une réponse de toutes pièces. Concrètement, si la machine est parfaitement capable de vous donner l’heure, il y a peu de chances que vous puissiez l’embarquer dans une discussion sur Platon. Pour y arriver, elle devrait être capable de se confronter au monde réel, pour y construire du sens, et pas seulement avaler des tonnes de données.
L’IA peut-elle remplacer complètement l’humain ?
Prenons l’exemple de la modération de commentaires sur le web : les machines peuvent-elles s’en charger seules ? Quand Google lance Perspective, intelligence artificielle open source, en test au New York Times, des chercheurs se penchent sur son fonctionnement et s’aperçoivent rapidement qu’il est très facile d’induire la machine en erreur. Il suffit de petites variations orthographiques ou d’une négation, et la machine se méprend sur le sens de votre message. Elle peut donc aider les humains, mais pas les remplacer purement et simplement.
Watson, l’IA développée par IBM, a, elle, contribué au numéro de juin 2016 de The Drum, un magazine d’information spécialisé dans l’actualité du marketing, du design et du numérique. Mais de l’aveu même de l’équipe, ses membres humains n’étaient pas aussi désœuvrés que la couverture du numéro voulait bien le laisser paraître !
En résumé, en l’état actuel des choses, les humains ne sont pas prêts d’être (totalement) remplacés par des intelligences artificielles !
Aller plus loin
- Intelligence artificielle et « large language models » : quel impact environnemental ? (2023)
- ChatGPT : pourquoi confier vos contenus à une IA est inefficace (en matière de communication) ? (2023)
Des questions ? Notre IA tentera de vous répondre et on prendra le relais si sa réponse n’est pas claire 🙂