En 2018, le 1er août était le jour du dépassement. Jusqu’à la fin de cette année, l’humanité a vécu « à crédit » : elle a dépensé les ressources naturelles que la Terre est capable de lui fournir pour une année complète. L’occasion de faire le point sur les consommations invisibles d’énergie de notre outil de travail : Internet.
Mise à jour le 5 novembre 2019 : oui, Internet est polluant… mais pas autant que les médias généralistes ne peuvent parfois le dire. C’est ce qu’on découvre dans cet excellent article qui contre-argumente très bien face aux quelques exagérations des médias généralistes. Par exemple : non, le numérique ne pollue pas du tout « cinq fois plus que l’ensemble du parc automobile français » ; non, le numérique n’est pas tout à fait « un septième continent » en matière de pollution ; et si le visionnage de vidéos en ligne pollue forcément, il n’a pas le « coût écologique faramineux » qu’on lui prête. Une précision utile pour lire ce qui suit. Bonne lecture !
Dématérialisé, Internet ? Pas vraiment…
Data centers pour stocker les données, câbles sous-marins pour faire fonctionner le réseau, etc. : Internet a beau s’être installé dans l’imaginaire collectif comme un univers dématérialisé, derrière nos écrans, il y a en réalité tout un ensemble physique d’installations.
Quant à nos appareils du quotidien, ils ont aussi un coût écologique. À la construction, d’abord : ils contiennent des matériaux rares aux conditions d’extraction difficiles. Par exemple, le tantale (au point qu’on a parlé de « téléphones au sang » pour qualifier ces objets). Mais aussi au recyclage : certains matériaux sont difficiles à recycler, voire ne le sont pas du tout. L’essentiel des téléphones jetés en France sont expédiés en Inde ou au Ghana, par exemple, et ne sont recyclés en moyenne qu’à hauteur de 25 %.
Internet consomme (beaucoup) d’énergie
En lisant cet article, vous ne le savez peut-être pas, mais cela consomme de l’énergie. En effet, pour arriver ici, vous nous avez trouvés sur un moteur de recherche, vous êtes arrivé par un réseau social… ou vous avez lu notre lettre d’info. À chaque nouvelle page, votre ordinateur est allé chercher ce que vous vouliez sur un serveur, puis vous l’a servi à domicile.
D’ailleurs, toutes les actions que vous effectuez en ligne consomment de l’énergie : envoyer un mail, télécharger un document, publier un tweet, regarder une vidéo sur Youtube, etc.
Votre ordinateur consomme aussi de l’électricité pour fonctionner. Tout comme votre smartphone, votre tablette, vos objets connectés…
Quant aux data centers, ils ont une consommation d’énergie impressionnante. Par exemple, la climatisation, qui sert à maintenir les serveurs à une température garantissant leur bon fonctionnement. Et une énergie très polluante : certains d’entre eux fonctionnent (encore) au… charbon.
Et la blockchain ? Elle est à la consommation d’énergie ce que les concours des plus gros mangeurs de hot-dogs sont à une alimentation équilibrée : une hérésie.
Pourquoi ? Prenons l’exemple du bitcoin. À chaque transaction que vous effectuez, un ordinateur doit résoudre une équation complexe pour la valider, ce qui ajoute un nouveau bloc à la chaîne. Or dans le cas du bitcoin, beaucoup d’ordinateurs sont dans la course pour résoudre l’équation en premier, ce qui multiplie la consommation d’énergie. N’essayez pas de « miner » (résoudre ces équations) chez vous, votre facture EDF va exploser (et votre machine ne sera probablement pas assez puissante pour résoudre ces équations la première).
Et on le sait, l’essentiel de l’électricité produite aujourd’hui ne l’est pas avec des énergies renouvelables.
Internet n’a pas diminué la consommation de papier et la quantité de déplacements
Combien d’entre nous impriment encore leurs mails pour les lire ? Au lieu de remplacer le papier, le numérique s’y est souvent superposé. « Selon une étude menée par Ipsos Global en avril 2005, une page sur six imprimées sur le lieu de travail n’est jamais utilisée » nous apprend Wikipedia.
Combien d’entre nous ont réellement réduit leurs déplacements depuis l’apparition du web ? Peu, si on se fie à nouveau à Wikipedia : « l’usage des techniques de l’information et de la communication n’a pas ralenti l’augmentation continue des flux physiques observée depuis deux siècles« .
Et le e-commerce ? Encore raté. Les flux logistiques entraînés par le shopping en ligne limitent encore drastiquement les gains qu’on aurait pu escompter, voire renversent la situation en entraînant une consommation d’énergie plus importante que le commerce traditionnel nous renseigne la fiche Wikipedia sur l’informatique durable.
Quelles solutions ?
D’abord, soyez économes : allégez vos pages web ! C’est double bonus : moins lourdes, elles chargent plus vite. Et devinez qui apprécie ? Google, évidemment ! La vitesse de chargement d’une page fait en effet partie des critères d’amélioration de votre référencement.
Soyez rigoureux dans votre mise en conformité au RGPD : ne collectez et conservez que les données dont vous avez impérativement besoin. On l’a vu, un data center consomme énormément d’énergie. Moins vous occupez d’espace sur un serveur, moins vous allez y piocher de la donnée, moins vous consommez !
Choisissez soigneusement votre hébergeur, votre moteur de recherche d’entreprise, etc. Les acteurs du web prennent progressivement conscience de l’impact écologique de leurs activités. Certains développent des offres moins gourmandes ou compensent leur consommation d’énergie. C’est par exemple le cas de l’hébergeur Infomaniak, qui revendique l’utilisation d’énergies renouvelables à hauteur de 40 %. Ou du moteur de recherche Lilo, qui utilise une part de ses revenus publicitaires pour financer des projets « sociaux et écologiques ».
Évitez d’imprimer tout ce que vous consultez en ligne… mais, si vous souhaitez vous pencher sur un document un peu long (mettons, qui vous prenne plus d’un quart d’heure à lire), il vaut probablement mieux l’imprimer. L’Ademe conseille de le faire en recto-verso et en 2 pages par face.
Limitez le nombre de destinataires de vos mails au strict nécessaire. Ça évitera à votre messagerie de faire 10 envois quand 3 auraient suffi… et c’est autant d’énergie économisée !
Vous visitez régulièrement le même site web ? Saisissez-en l’adresse directement dans la barre d’adresse de votre navigateur plutôt que de demander à Google de vous y emmener. Une page de moins de chargée, autant d’énergie économisée !
En dehors des heures de travail, veillez à éteindre et faire éteindre l’ensemble des ordinateurs de votre entreprise (tant que vous y êtes, faites aussi attention aux éclairages). C’est autant d’économisé en consommation d’énergie.
Faites durer vos équipements le plus longtemps possible. Pourquoi changer votre flotte de smartphones de (seulement !) deux ans si leurs performances restent satisfaisantes ? Pourquoi changer tout un ordinateur s’il peut être réparé ?
Un peu de musique dans l’open space ? Préférez le CD au streaming. Juré, sur la distance, c’est moins coûteux écologiquement. Ce tuyau fonctionne aussi pour les films : choisissez le DVD plutôt que le streaming, si vous l’avez en stock (n’en déplaise à Netflix) !
Et si vous avez besoin de petit matériel pour vos bureaux, privilégiez les commerces physiques ! En effet, pas besoin d’un camion pour vous livrer quelques rames de papier et les stylos qui vont avec !
Et si vous voulez en apprendre plus, Ganesh vous invite vivement à poursuivre votre navigation :
- chez Le Monde, qui explique ce qu’est le jour du dépassement, les limites et l’utilité pédagogique de l’outil
- sur Twitter, où on vous propose un live-tweet d’une conférence du Mouton numérique sur le sujet
- sur Youtube, où vous pouvez retrouver l’intégralité de cette conférence sur la chaîne du Mouton Numérique
- sur Wikipedia, qui réalise une brillante synthèse des enjeux et des réalités de « l’informatique durable »
- sur le blog d’Audrey Garric, qui compare la consommation d’une requête web, d’un email et d’une clé USB (archive, 2011)
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